lundi 9 mai 2016

Macronpidou ou Pompimacron.

 

L'émergence d'Emmanuel Macron sur la scène politique française semble émoustiller certains par le caractère "atypique" (c'est à dire original, en novlangue) de son parcours passé. On se demande pourquoi. Il y a un précédent. Allons, un petit effort de mémoire !

Il y a bien un homme politique qui a fait sa carrière professionnelle dans la banque, sans guère se préoccuper de politique, même aux heures les plus sombres de notre histoire. Il y a bien un homme politique découvert et porté aux responsabilités par le chef de l'Etat en exercice de l'époque, sans avoir jamais brigué l'onction des urnes. Il y a bien un homme politique qui après avoir été ministre, a songé à un "destin national". Il y a bien un homme politique qui avait des lettres, je veux dire plus que les autres.

Ah, vous voyez maintenant : c'est Georges Pompidou !

Rien de nouveau sous le soleil. Ce qui devrait attirer l'attention est ailleurs, à l'inverse du natif de Monboudif :dans la vacuité du message macronesque, et dans la rapidité presque ridicule avec laquelle il prétendrait accéder à la plus haute charge de l'Etat.

En effet, notre jeune premier ne cesse de se prétendre de gauche, tout en claironnant la nécessité du libéralisme. Il jure fidélité à Hollande tout en ne manquant aucune occasion de se montrer son rival. Il embrasse le discours dominant à grandes pelletées de points Googwind et va préter hommage et foi à la pucelle d'Orléans. Etc...

Comme pour Fantomas, on est tenté de se poser ces questions basiques : Que pense Macron ? que fais vraiment Macron ? de quoi Macron est-il le nom ? quels sont les amis de Macron ?

Mystère et boule de gomme.

Lorsque Pompidou commence sa carrière politique, il a 47 ans. Lorsqu'il s'engage dans la course présdentielle, avec succès, il en a dix de plus, et une solide expérience notamment comme Premier ministre. Macron n'a pas 40 ans. Il n'a qu'une courte expérience de ministre de finances et encore peut-on considérer aujourd'hui qu'il ne l'exerce plus qu'à mi-temps.

Voilà : Macron n'est aujourd'hui qu'un baudruche médiatique vite gonflée, et qui peut éclater demain.

Mais compte tenu de la dégradation du tissu politique  en France, qui peut jurer qu'une baudruche n'a aucune chance d'être élue ?

mardi 19 avril 2016

Hollande hors jeu ?

 

 
 
Ne comptez pas sur moi pour jouer au jeu risqué des pronostics.
 
A 13 mois de la future élection présidentielle, l'expérience montre de manière trop flagrante que l'on ne peut savoir qui sera l'heureux élu. En 1994, qui donnait Jacques Chirac contre Balladur ? en 2011, qui pensait que l'obscur Hollande allait décrocher la timbale face à DSK ? à l'étranger, qui tablait sur large victoire des conservateurs au Royaume-Uni, reconduisant Cameron au 10 Downing street ? qui, il y a un an, prévoyait qu'un candidat aux primaires aussi folklorique que Trump serait aujourd'hui le favori républicain ? etc...Le champ des éventualités est tel, et les imprévus si innombrables dans une campagne présidentielle, que nul ne peut raisonnablement émettre un son pour déterminer à qui sera confié le sort du pays en 2017.
 
Or, on perçoit sur les ondes et dans les gazettes, à droite comme à gauche,  une  antienne de moins en moins sourde, qui annone que François Hollande n'a aucune chance d'être réélu (voir par exemple le récent (et trés bon dans la forme) article de Georges Michel " Le dernier clou du cercueil", sur Boulevard Voltaire). Et bien je voudrais jeter à bas une telle certitude, au risque de décevoir et d'effrayer le lecteur.
 
Elle repose avant tout sur l'extraordinaire impopularité de l'actuel locataire de l'Elysée. Cet argument ne saurait prospérer. D'abord, parce que cette impopularité est mesurée par des sondages, dont chacun sait à quel point ils peuvent être manipulés et versatiles. Ensuite, parce que des sondages bas n'ont jamais empéché aucun homme politique de se représenter, du moins s'il se découvre l'envie de rempiler. Et l'impopularité, un an avant l'élection, n'est pas comparable à l'acte civique qui consiste à déposer un bulletin dans l'urne un  an après. De manière consciente ou pas, l'électeur ne fait pas jouer les mêmes mécanismes psychiques dans un cas comme dans l'autre. Il est vrai qu'en 2012, Sarkozy n'a pu surmonter ce handicap, mais ce contre-exemple ne peut à lui seul suffir à démontrer l'inanité du principe.
 
Et puis, il faut se mettre en garde contre le risque classique qui consiste à sous-estimer celui que l'on méprise. Si François Hollande est un exécrable président, il est un candidat plutôt bon. Il ne doit pas seulement sa victoire de 2012 à l'impopularité de son prédecesseur et au forfait de DSK. Il a su avec une certaine rouerie gravir les échelons qui l'on mené à la tête de l'Etat. Ce n'est du reste pas une surprise : cet homme est un apparachik. Or , un apparachik, ça ne sait pas faire grand-chose, sinon intriguer et gagner des élections. Mais ça, il a montré savoir le faire. En d'autres termes, François Hollande est un stratège minable mais un tacticien correct. Méfiance.
 
En outre, si l'on regarde la gauche socialiste, qui pourrait être crédible face à lui ? Valls ? trop marqué par son passage à Matignon. Aubry ? n'a pas l'air d'avoir envie. Montebourg ? trop fantasque. Macron ? trop inexpérimenté ( même si Hollande fait tout pour qu'il perturbe la popularité de Valls, tiens, tiens,...). DSK ? soyons sérieux. Ayrault ? trop terne. Fabius ? casé au conseil constit. par Hollande ( tiens, tiens,...), Najat ? je plaisante. Royal ? déjà vue, etc...Par élimination, François Hollande conserve de bonnes chances d'être choisi par les primaires de la gauche. Conservons cette hypothèse.
 
Et regardons maintenant le mécanisme politique mis au point par François Mitterrand autrefois, qui n'en finit pas de produire ces effets néfastes, et prenons pour autre hypothèse ( pas plus certaine que l'autre, il est vrai...) que Marine Le Pen figure au deuxième tour. Le candidat PS ou LR qui sera face à elle sera élu à coup sûr. Or, il ne me parait pas du tout acquis qu'il s'agira du candidat LR.
 
En effet, le candidat LR le mieux placé aujourd'hui est Alain Juppé. Si ce dernier s'avère le candidat choisi par LR, la bataille du premier tour se jouera au centre. Or, le centre, c'est connu, est un mystère instable, capable de balancer pour ou contre Hollande, Chirac, Royal, Macron, DSK, Giscard, Balladur, Jospin, Mitterand, Juppé, Valls,  ou n'importe qui au moindre coup de vent. Et personne ne peut savoir qui de Juppé ou de Hollande franchira le cap du premier tour.
 
Et si un autre candidat LR est choisi par la droite, il sera nécessairement plus à droite que Juppé, découvrant le flanc centriste LR/Modem de la droite. Et s'ouvrira alors un boulevard devant François Hollande qui lui permettra aisément de se qualifier pour le deuxième tour.
 
On connait la suite !
 
Alors, que l'on cesse de considérer François Hollande comme hors jeu. Du moins tant qu'il n'annonce pas officiellement renoncer à se présenter.
 
 

mercredi 30 mars 2016

Mauvaises Pâques.


Le week-end pascal vient de s’achever dans un bain de sang à Lahore (70 morts).

Dans cette ville du Pakistan, un islamiste (tendance taliban, affilié à Daech) n’écoutant que son courage, s’est fait exploser, au beau milieu d’une foule de femmes, d’enfants et d’autres, majoritairement chrétiens venus pique-niquer dans un parc pour Pâques. Dans un pays où les fidèles du Christ constituent une infime minorité (3%), mal considérée, pauvre et faible, le caractère anti-chrétien de ce misérable  attentat n’est un mystère pour personne, puisqu’il a été d'ailleurs expressément revendiqué comme tel.

Quelques esprits superficiels ont cru bon de s’étonner que la presse, les réseaux sociaux, les plateaux de télévision, le café du commerce, etc… n’aient pas bruissé à ce propos, comme lors des évènements comparables de Paris ou Bruxelles. Ils ont eu tort. Il y a quelque chose de parfaitement humain à se pâmer de ce qui survient près de chez soi, et à être moins touché par le sort de nos prochains éloignés. C’est injuste, mais c’est ainsi.

Le scandale est ailleurs.

Il est dans la réaction des responsables politiques et religieux qui, eux, ont le devoir  impératif de s’élever du commun des mortels et d’exprimer les faits et les sentiments de manière lucide, courageuse et honnête. Ce principe devrait s’appliquer en tout temps, mais il devient vital dans les  temps troublés que nous vivons, où toute erreur diplomatique ou de communication peut se payer cash.

Or, nous avons assisté à un concert d’hypocrisie et de pusillanimité  qui ne peut prêter qu’à la colère, puisque le rire est exclu en de pareilles circonstances.

En tête du peloton, sans surprise, le Président de la République française, qui réussit l’exploit de relater les faits ci-dessus sans même prononcer les mots de chrétien et d’islamiste. Il n’est question que de terrorisme. Quel terrorisme ? Quel terroriste ? Quelle cible ? Dans quel but ? Sans doute l’ignore-t-il, mais il serait le seul.

Le seul ? Non. Car il faut reconnaitre que la Maison-Blanche n’a guère fait mieux, pas plus que le Premier Ministre britannique ni le secrétaire général des Nations-Unies.

Et il m’attriste de devoir dire que le clou (sans calembour de mauvais goût) vient du Saint-Siège qui devrait être en première ligne, et qui s’est  pourtant  montré  discret et froid dans les termes de sa condamnation.

Les partis politiques traditionnels (LR, PS) ont eu un petit peu plus de cran en évoquant le caractère anti-chrétien du massacre, mais sont rapidement passés à autre chose. Seul Nicolas Dupont-Aignan a dit ce qu’il convient : « En ce lundi de Pâques, ce crime effroyable visant des chrétiens ne doit pas rester impuni ».

Est-ce ainsi que l’on parle des alliés, des victimes, des ennemis, des enjeux, en temps de guerre ? Non. Sauf si l’on tient à la perdre.
On nous dit que bientôt la France ressemblera à la Belgique. C’est idiot, puisque c'est déjà le cas. Mais avec de tels dirigeants,  elle ressemblera au Pakistan.
Malheur au vaincu.