samedi 29 septembre 2012

ça va trop vite !

J'ai un peu de mal à suivre le rythme de notre actualité. C'est que je suis un blogueur lent, que voulez-vous : lorsque j'ai repéré un sujet, il me faut une bonne semaine pour en tirer quelque chose. Alors que faire ?  Finalement, plutôt que de vous parler d'un sujet précis, je vais plagier l'ami Woland et évoquer en deux mots quelques broutilles prises au vol.

Marianne sort une couverture à hurler de rire.


Qu'est-ce qu'il leur arrive, aux rouges ? Ils sont soudain devenus patriotes ? Ce sont eux qui nous expliquent depuis toujours que la France est un hôtel (de passe, sans doute) sans identité, pour lequel nul ne devrait avoir amour ou loyauté, et maintenant ils reprochent à des gens de trahir ce pays qu'ils détestent ? C'est le monde à l'envers.


Les profs se plaignent d'être agressés alors qu'ils votent pour l'invasion depuis vingt ans. Je ne peux pas prétendre que ça m'attriste beaucoup.


Les Comvouzémois de Marseille viennent de virer manu militari une troupe de Roms, et voilà que, pour la première fois, on peut entendre les socialistes déclarer que les Roms commettent vols et cambriolages, afin d'excuser les agresseurs. Tout commentaire serait superflu.

Le preux Koltchak, inquiet du sabotage de la transmission de notre culture et de notre histoire, nous suggérait il y a quelques jours de cela de prendre la situation en main, parce qu'on ne peut pas vraiment compter sur l'Educ' Nat' pour perpétuer notre roman national. Je suis entièrement d'accord avec lui, et je vais aussi vous suggérer quelques lectures.

Pour les enfants et pour les autres, Le grand album de l'Histoire de France de notre enfance :


Une pépite merveilleusement illustrée. C'est ainsi qu'on parlait de la France et qu'on enseignait son Histoire, en ce temps révolu où on l'aimait.

Pour les plus grands, L'Histoire de France vue par les peintres :


C'est ainsi que l'on peignait la France, lorsque l'art n'était pas encore devenu une vaste fumisterie pour imposteurs et dupes. Toutes les périodes de notre Histoire n'y sont pas illustrées autant que je le voudrais, il n'y a même presque rien sur cette période carolingienne à laquelle nous devons nos plus grandes épopées,  mais bref. C'est quand même sacrément beau.

Aristide nous présente nos cousins, les conservateurs américains. J'ai essayé d'aller voir si l'on pouvait transposer ça à la France et si je me reconnaîtrais dans une catégorie. Pour l'instant, je cherche encore où l'on pourrait placer les catholiques légitimistes blancs lecteurs de La Varende de moins de quarante ans. Nous sommes peu nombreux, mais nous formons un puissant lobby. Il paraît que La Varende est proche de Faulkner, qu'il a une sensibilité "sudiste", mais je n'ai jamais lu Faulkner, alors j'ai du mal à situer...

jeudi 27 septembre 2012

Petit guide à l'usage des réacs-fachos. (1)

Samedi après-midi, faisant mes courses chez Auchan, je me sentis quelque peu excédé.

Par le caractère ingrat de cette tâche, sans doute.

Mais il y avait autre chose. Mais quoi donc ?

Une intuition en tête, je fus pris d'une pulsion statistique destinée à la vérifier. Montre suisse en main, je me mis en charge de déterminer à quelle fréquence il m'arrivait de croiser une dame ou une demoiselle vêtue d'atours exotiques. Le résultat fut le suivant : toute les 20 secondes en moyenne.

De ce constat objectif, je pus ainsi conclure à la raison principale de mon irascibilité.

 La voici : quand  je fais les courses, tâche ingrate, comme il a déjà été précisé, je n'ai pas par surcroît envie de m'infuser le palais des Mille et une nuits ( dans le meilleur des cas ) ou la casbah d'Alger ( de manière   plus réaliste ). Or, c'est bien ce qui m'est imposé.

Mais qu'y faire, me direz-vous ?

Et bien, chers amis moisis, il existe des solutions. Oh, certes, elles sont partielles, temporaires, insuffisantes, mais elles existent, tels les refuges dans la montagne hostile.

Voici donc en exclusivité pour Secession interieure le premier volet du guide à l'usage des réacs-fachos ( GURF), qui vous permettra de découvrir les trucs et astuces destinés à supporter ceux-là, à survivre en milieu multiculturel, et peut-être même plus.

Truc et astuce 1 : le réduit porcin.

En cas de surdose de diversité dans un supermarché alimentaire, le GURF vous recommande le rayon charcuterie . En été, il y fait frais ce qui ne manque pas d'agrément. En hiver, il y fait frais aussi, et tant mieux car faire ses courses avec pulloveur et anorak, ça donne chaud. On peut y contempler les barquettes de lardons, les tranches de jambon secs ou cuits, les saucisses diverses, et autres mets bien de chez nous.  Cette vision vaut bien celle des œuvres inoubliables de Vasconcelos exposées au Château de Versailles, et présentent l'avantage de mettre en appétit.

Selon la méthode statistique exposée plus haut, la fréquence de croisement d'une personne vêtue de manière peu appropriée y passe de 1 fois toute les 20 secondes à 1 fois toutes les 5 minutes.

Le réac-facho peut donc s'y reposer quelques instants, à l'aise, même s'il n'entre pas dans ses intentions d'acheter de la charcuterie. Il y manque tout de même des bancs voire une buvette pour permettre au moisi exténué de s'assoir et de se désaltèrer avant de reprendre le cours de sa corvée.

Pour ces raisons, le GURF attribue au réduit porcin la note méritée de 16/20, mais pas plus.

Voici donc le premier volet de ce guide...la suite dans des billets ultérieurs...

Les suggestions et contributions sont les bienvenues, évidemment.



Ici, nous aimons Total…

… et Total nous le rend bien !



13 ans ! 
Et j'espère que vous êtes contents d'apprendre que nous avons une justice en France.
Vous ne l'aviez peut-être pas remarqué ?
Mais vous n'êtes que des mal-pensants.
Maintenant, attendons encore 13 ans, pour voir si la dite justice va veiller à ce que Total paie ses indemnités…

Petit rappel:  ici et là .

lundi 24 septembre 2012

Que nul ne se moque du Président normal !

Notre bon maître s'effondre dans les sondages d'opinion. Entre nous, je me demande bien pourquoi. Que des gens qui n'ont pas voté pour lui et ne lui ont jamais fait confiance continuent de penser qu'il est incapable, c'est dans l'ordre des choses. Mais pourquoi cette chute auprès de ses partisans d'hier ? Parce qu'il a annoncé des hausses d’impôts, m'a-t-on dit. C'est absurde : il a toujours dit qu'il augmenterait les impots. Et puis, c'est un socialiste. Les socialistes augmentent les impôts, c'est dans l'ordre des choses. A quoi donc s'attendaient-ils, les cocus de Hollande ?

Peut-être espéraient-ils que les impôts des riches augmenteraient, et non les leurs ? Pas de chance, les Degauche : des riches, on n'en a plus en France, on est occupé à faire partir les derniers, et vous apprendrez qu'on est toujours le riche de quelqu'un. Mais ça aussi, Hollande l'avait annoncé, souvenez-vous : "Si certains sont plus riches que vous, vous êtes plus nombreux qu'eux !". Qu'est-ce que vous attendiez donc de l'Elu des Mosquées ? Il fait ce qu'il avait dit et vous lui en voulez ? Vous êtes bien injustes.

Voir Hollande dégringoler dans l'opinion ne me dérange pas plus que ça, mais j'observe des conséquences alarmantes : un peu partout, j'entends des gens se moquer du président en raillant son sobriquet de "normal", prononcé avec une nuance de mépris. C'est bien inquiétant. J'ai peur que le mot "normal" ne suive la même évolution sémantique que "médiocre", qui signifiait "moyen", "ordinaire", et qui a pris le sens de "pas terrible", "presque nul". Si les choses continuent dans ce sens, on entendra bientôt dire "ce n'est qu'un normal" ou "espèce de normal !".

Or, cela, nous autres réacs ne pouvons pas le souhaiter, car nous sommes les défenseurs des normes en matière sociale. Normes qui consistent bien sûr à être honnête, sédentaire, monogame et hétérosexuel, à travailler pour gagner sa vie, à rester dans son pays pour le servir plutôt que d'aller pourrir celui des autres, à prendre épouse (ou époux) et à faire des enfants qui continueront. Les Degauches, eux, ont toujours été les ennemis de la norme, les partisans des criminels, des délinquants, des chômeurs, des feignants, des homos, des Bohémiens (m'en fous, on disait comme ça quand j'étais jeune) des immigrés polygames et des marginaux de tous poils qui rongent la société comme un cancer.

Je suis pris d'un doute affreux : et si Hollande s'était délibérément assimilé à la normalité, afin de ridiculiser cette notion en étant délibérément le plus mauvais président de l'Histoire de France ? Il en est bien capable. C'est un socialiste : ces gens-là sont capables de tout. Il pourrait avoir tout calculé, pour nous faire avaler plus facilement la polygamie, la zoophilie, la pédophilie et tout le reste, au nom du mépris de la norme.

Alors, amis réacs, fini de plaisanter sur Normal Ier ! Trouvons-lui d'autres surnoms, ce n'est pas ce qui manque : Flanby, le capitaine de pédalo, etc. Mais Normal, en ce qui me concerne en tout cas, c'est fini !

jeudi 20 septembre 2012

Versailles revisité : 2-France, mère des arts.

Salu K-ro,

Today tro gavant cé cler.

Maman ké ministr mintnan veut ke je me cultiv. Ma donné 1 ticket pour l'expo Vasconcelos.
Jé du y aller. Tro galer le RER pour Versay.
L'expo été trop delir, OK.
Dé lustr en patchwork, dé shoes géantes faites en casrols, un hélicoptère en plum roses, des écrevis et des homards , tro cool.
Bon mé la galri trop grav. Ke du vieu genre tu sé lés rois. Cété un château avant. Y avé des tablos de ducs et style princess, dé status de ceums genre la fontaine et molier, trop bouffons. Une galri des glass, mé lé glass cé dé miroir pas dé aguendass.
Même vu un vieu et sa meuff ki soulai leur gamin devan des tablos de war. Maman di ksa pu lés facho comsa avek des ID péténistes.
Même le park été flippant , dé arbres coupé droit mem pas d attraction, rollers et skate interdits, boring.
Le bassin en bas, baignad interdite aussi.
Jé vu la famill réac ki fesai du cano. Dé vré tet à clac.Fo kjen parle à tonton.
Fo ke je te kit, je go tonight au concer de Yannick Noah.yaura pa de réakipu.
Mé yaura jean-kevin.
Je le kiffe avec sa grosse p...
Bis.

Térébenthine.



mercredi 19 septembre 2012

De l'Epopée (1)


" La poésie primitive se divise en deux grands courants : la poésie lyrique et la poésie épique. La première est l'expression de sentiments, la seconde est le récit d'événements. Elles commencent par être à peu près confondues ; chez certains peuples, elles n'arrivent même pas à se séparer complètement. Elles sont encore assez mêlées, mais marchent déjà vers la distinction définitive, dans la poésie héroïque ou nationale, qui sert de préparation et de base à l'épopée.

Cette poésie existe chez presque tous les peuples dont la civilisation commence ; elle correspond à peu près à cette phase de leur développement que l'histoire appelle la période barbare. Elle est l'expression du sentiment national ; c'est en elle que le peuple prend, pour ainsi dire, conscience de lui-même. Elle seule, dans ces temps fort éloignés de la réflexion politique, peut assurer aux membres de la nation la ferme et constante idée de leur fraternité et de leur originalité. Ce qui lui donne tout-à-fait sa forme et sa valeur, c'est le contact, presque toujours hostile, du peuple avec ceux qui l'entourent. La poésie est alors une affirmation éclatante et enthousiaste de la nationalité ; elle est en même temps le stimulant du courage et de la vertu civique ; c'est elle qui mène aux combats, qui célèbre les dieux de la patrie, qui chante les ancêtres, qui honore les mœurs héréditaires, qui maudit les ennemis ou les oppresseurs, et qui devient la plus haute récompense des bienfaisants, la plus sanglante punition des traîtres ou des lâches.

On comprend facilement que cette poésie participe aux deux genres poétiques ; elle est le plus souvent lyrique par sa forme, et épique par son sujet. Elle parle de batailles, de triomphes ou de défaites, d'aventures hardies, d'exploits merveilleux, mais elle ne les raconte pas, elle s'exalte à leur propos ; étant improvisée et contemporaine des faits, elle ne cherche guère qu'à rendre et à concentrer l'impression qu'ils ont produite, et, obéissant aux lois de la poésie, elle les présente dans un ordre particulier et leur donne une signification idéale.

De ce premier état de la poésie nationale, bouillonnement confus et nécessairement passager, il faut qu'il se dégage quelque chose de plus durable. Pour cela, il faut que l'élément épique prédomine et restreigne le lyrisme de la forme. C'est ce qui a lieu chez les peuples qui ne sont pas seulement impressionnables à la manière des sauvages qui ont encore en eux le germe d'un développement historique, le sentiment de la solidarité des pères et des fils, d'hier et d'aujourd'hui. Ceux-là ne tardent pas à éprouver le besoin non-seulement d'exprimer les sentiments que leur cause leur vie nationale, mais encore de raconter les événements de cette vie, de conserver la mémoire des anciens temps et de léguer à leurs descendants le souvenir de ce qui se passe sous leurs yeux. Cette tâche revient naturellement à la poésie, qui s'en acquitte à sa manière, soumettant les faits à ses lois, transportant l'idéal dans le réel, développant les tendances nationales, satisfaisant les aspirations, les rêves et les rancunes du peuple. Sa forme, encore passionnée, fragmentaire et saisissante, est cependant obligée de devenir bien plus claire, plus régulière, plus objective ; l'élément lyrique perd beaucoup de terrain ; la poésie nationale s'achemine vers l'épopée.

Il s'en faut toutefois que tous les peuples qui ont eu une poésie nationale aient des épopées; on n'en trouve au contraire que chez un petit nombre de peuples aryens. L'épopée suppose chez un peuple une faculté poétique remarquable et le sentiment vif du concret, ce qui lui donne la puissance de personnifier, en les idéalisant, ses aspirations et ses passions ; elle a besoin de s'appuyer sur une nationalité fortement enracinée et ne se développe encore que dans des circonstances historiques particulières.

Presque toutes les nations reposent sur le mélange de diverses races, combinées, soit par la violence, soit par le consentement, dans des proportions diverses. Au moment où s'opère ce mélange, il se produit dans la nation une sorte de fermentation exaltée qui est très-favorable à la naissance d'une poésie épique. Aussi toutes les poésies épiques vraiment nationales ont-elles leur point de départ dans des époques de ce genre, et on a pu dire avec autant de bonheur que de justesse : « De même que toute combinaison chimique est accompagnée d'un dégagement de chaleur, toute combinaison de nationalités est accompagnée d'un dégagement de poésie » Mais cette poésie n'est que la préparation et comme la matière brute de l'épopée. Pour que celle-ci naisse, il faut qu'elle trouve un sol abondant de traditions antérieures, de poésie épique encore incohérente, de chants nationaux dus à une véritable inspiration et conservés dans la mémoire populaire. Alors, comme la plante s'empare pour germer de tous les éléments analogues que contient la terre où elle est semée, l'épopée saisit tous ces éléments épars, les transforme suivant sa propre loi, se les assimile et s'épanouit bientôt dans la richesse et la puissance de sa végétation splendide.

L'épopée n'est autre chose en effet que la poésie nationale développée, agrandie et centralisée. Elle prend à celle-ci son inspiration, ses héros, ses récits même, mais elle les groupe et les coordonne dans un vaste ensemble où tous se rangent autour d'un point principal. Elle travaille sur des chants isolés et elle en fait une œuvre une et harmonieuse. Elle efface les disparates, fond les répétitions du même motif dans un thème unique, rattache entre eux les épisodes, relie les événements dans un plan commun, aux dépens de la géographie et de la chronologie, et construit enfin, avec les matériaux de l'âge précédent, un véritable édifice.

Mais ce travail, elle ne le fait pas avec préméditation : il s'opère, pour ainsi dire, de lui-même. Quand la production de la poésie nationale s'arrête, parce que la phase historique à laquelle elle correspond a pris fin, si la nation est encore bien unie, si surtout, grâce aux circonstances, le sentiment de son unité et son affirmation en face des voisins sont encore exaltés en elle, elle continue pendant quelque temps à chanter la poésie héroïque qui lui vient des générations précédentes. Mais cette poésie, née d'événements déterminés, pleine d'allusions à des faits, à des personnages oubliés, dénuée en outre de lien intime, échappant à l'esprit par sa dispersion et sa multiplicité, ne peut se conserver sous sa forme primitive : il lui faut pour vivre se soumettre à des conditions nouvelles. La poésie contemporaine des faits se passe d'unité : l'état généralement le même des esprits auxquels elle s'adresse lui en tient lieu ; celle qui célèbre des événements passés a besoin au contraire, sous peine d'être fatigante, sans intérêt, et même inintelligible, de les relier entre eux matériellement et moralement ; il lui faut reporter à un point de repère commun tous les épisodes qu'elle admet, afin que l'on comprenne leur marche et leur sens. En outre, en quelques générations les idées changent : le foyer des aspirations d'un peuple se déplace ; les circonstances nouvelles qui l'entourent, les modifications qu'ont reçues sa puissance, sa civilisation, sareligion, ses lumières, changent aussi son idéal, et les chants des aïeux, qu'il aime toujours, ne suffisent plus à ses besoins : l'épopée les renouvelle en leur inspirant les principales idées qui constituent, au moment où elle naît, l'idéal national. Enfin la forme elle-même des anciens chants est souvent devenue ou peu agréable ou difficile à comprendre : l'épopée leur en fournit une en rapport avec les générations auxquelles elle s'adresse. L'apparition de l'épopée a naturellement pour conséquence la disparition des chants antérieurs ; aussi n'avons-nous conservé de poésies de ce genre que chez des peuples où ils ne sont pas arrivés jusqu'à leur dernière transformation.

L'épopée est donc une narration poétique, fondée sur une poésie nationale antérieure, mais qui est avec elle dans le rapport d'un tout organique à ses éléments constitutifs. Dans l'épopée on conçoit facilement que l'individualité du poëte joue déjà un rôle plus considérable que dans la poésie précédente; le choix des récits, leur arrangement, leur forme, ne peuvent se soustraire à une initiative personnelle. Mais un fond national devant lequel le poëte s'efface est absolument indispensable. L'épopée comprend donc un élément objectif et normal et un élément subjectif et arbitraire. Suivant que l'un ou l'autre des deux termes prédominera, l'épopée devra avoir un caractère différent ; et nous voyons en effet leur rapport, et par suite le caractère général, varier sensiblement dans les différentes épopées qui nous sont parvenues.

Si nous abandonnons maintenant la question de l'origine de l'épopée pour l'examiner en elle-même, nous reconnaissons qu'elle se compose essentiellement de quatre choses : les faits, — l'idée — les personnages, — la forme. Les faits et les personnages doivent être fournis, au moins dans leur ensemble, par la tradition nationale; le poëte ici ne peut être inventeur, ou son œuvre cesse de mériter pour nous, le nom d'épopée. — L'idée offre déjà plus de champ à l'action personnelle : l'idée d'une épopée est en effet nationale, religieuse et morale. La prédominance de l'un de ces aspects sur l'autre, le développement même de ces idées, permet au poëte de marquer son sujet de son empreinte ; toutefois dans leur essence elles lui sont fournies par la nation, et il ne peut être infidèle à la direction générale qu'elle lui indique. — Enfin la forme, tout en étant aussi déterminée par la poésie antérieure, laisse au talent du poëte, dans la perfection plus ou moins grande qu'il sait lui donner, une grande liberté de se manifester. "

Gaston Paris

vendredi 7 septembre 2012

Féodalité et révision de l'Histoire

Je me suis rendu dans de nombreux sites normands ces derniers mois, et je suis bien obligé de constater, chez les guides du patrimoine aussi bien que sur les pancartes, une tendance alarmante par sa récurrence.

On sait que la Normandie a été le théâtre de la rivalité des Plantagenêts et des Capétiens, et notamment de Richard Coeur-de-Lion et de Philippe-Auguste. Or, j'entends très souvent, trop souvent dire que la Normandie était anglaise et qu'elle est rattachée à la France par Philippe-Auguste. 

C'est un grave contresens historique. Tout d'abord, il serait plus juste de dire que l'Angleterre était normande que l'inverse. Mais surtout, la Normandie était un fief. Un duché, que les rois d'Angleterre, ducs de Normandie, tenaient des rois de France en qualité de vassaux. 

Ce n'est pourtant pas très compliqué à comprendre, la féodalité. Un seigneur possède en propre une terre, un alleu. Il la concède à un autre en tant que tenure, en tant que fief. Le personnage investit de ce fief est un vassal. C'est un contrat entre deux personnes. Le vassal est l'usufruitier du fief, pas son propriétaire. Avec son fief, il reçoit un ensemble de droits et de devoirs : il lui faut s'acquitter de ces devoirs, sans quoi il peut être dessaisi de son fief, et le droit féodal prévoit ce cas de figure. Un fief n'est donc nullement un territoire indépendant. La Normandie était un duché mouvant de la couronne de France, et pas d'Angleterre. Elle fut donc rattachée non pas à la France, dont elle faisait déjà partie, mais au domaine royal, ce qui est fort différent.

Il n'y a d'ailleurs pas qu'en Normandie qu'on entende des menteries semblables, parfaites pour continuer à déchirer notre cohésion nationale qui part en lambeaux. Les Bretons, les Occitans, les Bourguignons se sentent tous obligés d'enquiquiner le pauvre monde avec leur glorieux passé, passé dont ils refusent de comprendre la nature féodale. J'ai ainsi pu entendre un connard languedocien se plaindre que les Français soient venus envahir les terres du roi de Toulouse, et par "roi de Toulouse" il entendait le comte de Toulouse. Pas de bol, les comtes de Toulouse, malgré leur autonomie effective, étaient aussi des vassaux, et pas des potentats indépendants.

D'ailleurs, c'est bien simple, regardez à quoi ressemblait la Francia occidentalis à la fin du Xème siècle :


Le domaine royal, c'est le truc bleu. Si on décrète que la France n'était que le domaine royal, sur lequel le roi exerçait un contrôle direct, ce n'était donc pas grand-chose que notre pays. Mais cette lecture, prisée par les régionalistes, est fausse, car elle méconnaît l'importance très réelle de la féodalité dans la vie politique et sociale de l'époque. Même aux temps de la plus grande faiblesse des Capétiens, ils restaient, en droit, les suzerains de tout le royaume.

Certes, il n'était pas toujours facile pour un suzerain d'obliger son vassal à s'acquitter, en pratique, de ses obligations féodales. Et il est bien évident que, pour les Capétiens, avoir pour vassaux des rois plus puissants qu'eux n'avait rien d'une sinécure. Souvent, ils furent à peu près incapables de se faire obéir de certains grands feudataires. En fait, les vassaux, depuis leur apparition aux temps carolingiens où ils étaient grosso modo des fonctionnaires, se montrèrent de plus en plus indépendants, finissant par se transmettre leurs titres de manière héréditaire et par ne plus faire grand cas de leurs obligations. C'est l'exemple même des transgressions du droit qui, si elles ne sont pas sanctionnées, finissent par paraître normales et par acquérir force de loi au bout d'un moment. 

Mais même lorsque certains de ces vassaux se montraient indociles ou rebelles, le lien subsistait. Le droit garde sa respectabilité, même lorsqu'il n'est pas appliqué, et les grands feudataires ne pouvaient pas complètement ignorer ce droit pour la simple et bonne raison que leur pouvoir à eux aussi était féodal : ils étaient eux-même les suzerains d'autres seigneurs, dont ils entendaient être obéis et auxquels il ne fallait pas donner le mauvais exemple.

Même les vassaux turbulents restaient très conscients de ce lien féodal, et savaient en utiliser les avantages : le suzerain devait protection à son vassal, et les comtes de Toulouse profitèrent à plusieurs reprises de cet état de fait pour se placer sous la protection des rois de France. Du reste, une absence de pouvoir direct ne signifie pas une absence d'influence : Philippe-Auguste reçut ainsi des missives de bourgeois narbonnais qui, le reconnaissant pour leur seigneur, lui demandaient de virer le comte fissa. Certes, ils y avaient intérêt pour leurs propres affaires, mais au moins cela montre qu'ils étaient capable de comprendre leur appartenance au royaume, malgré l'émiettement féodal.

En somme, feindre de considérer les fiefs comme des territoires légitimement indépendants que les méchants Français seraient venus envahir, ce n'est pas seulement commettre une erreur historique, c'est aussi avoir une mentalité de crapule.

Cela revient à dire qu'un patron qui exige d'obtenir de ses employés l'application stricte des termes de leurs contrats, en mettant un terme à des passe-droits devenus la norme après des années de laxisme, est abusif.

Cela revient à dire qu'un locataire devient propriétaire de son logement dès qu'il refuse de payer son loyer.

Cela revient à dire que, dans les zones de non-droit de Marseille ou d'ailleurs, les policiers sont des envahisseurs dont l'intrusion n'est pas légitime, alors que les racailles qui les reçoivent à la chevrotine sont dans leur bon droit.

Ah, mais on me prévient dans mon oreillette qu'il y a des gens qui tiennent ces discours, et que d'ailleurs ils appartiennent aux mêmes groupements idéologiques que mes saboteurs d'Histoire. Tout va bien alors ! Et moi qui m'inquiétait. Il faut le leur reconnaître : ils sont d'une parfaite cohérence idéologique.

mercredi 5 septembre 2012

Versailles revisité : 1-France, mère des armes.

Comme El Desdichado ( cf son billet du 13 août ), j'ai profité de l'été pour faire un peu de tourisme historique en famille. Cette activité à engendré toutefois des réflexions d'une tout autre nature. Jugez plutôt.

Je me suis rendu fin août à Versailles, sous un soleil timide, pour visiter le château.

Je me suis essayé à contempler les merveilles du Grand siècle, par dessus une canopée
de têtes et d'aillefones tendus à bous de bras. Dans la cohue démocratique, cahin-caha, je cheminais
péniblement, entre deux bousculades,et tentais de répondre aux  questions multiples et variées de mon jeune fils.

Puis, au détour d'un corridor, je pénétrais dans la galerie des batailles voulue par Louis-Philippe, comme son nom l'indique entièrement tapissée de toiles consacrées aux succès martiaux remportés par la France au cours des siècles: Tolbiac, Poitiers, Bouvines, Fontenoy, Valmy, Austerlitz, Wagram, etc...

Car il fut un temps, chose étrange, où l'on célébrait les victoires militaires sans mauvaise conscience et avec faste. C'était manière d'exalter la grandeur de la France, de glorifier la qualité de ses militaires, d'impressionner les autres pays, de garantir l'unité autour du souverain, et bien sur, et surtout, de rendre utile et noble le sang versé.

C'est ainsi que se crée une nation, et c'est ainsi qu'elle se maintient.

Me sont revenues à ce moment les images des obsèques des soldats tués cet été en Afghanistan.

Morne époque pour la France que celle qui voit le chef suprême des armées regretter les morts d'une guerre dont il regrette le principe ; que celle qui voit ses ministres, cheouingomme en bouche, tripoter leur aillefone devant les cercueils des défunts ; que celle qui voit la retraite de ses troupes dans un semblant de fausse défaite d'un fausse guerre ; que celle qui la voit ravaler au rang lamentable d'impuissance mondiale.

Qu'il me serait douloureux, père d'un fils tombé sur ce champs d'honneur-là, de souffrir deux fois : et de la perte d'un fils, et du mépris de ses princes.

Après, viendra le temps où ces derniers demanderont pardon agenouilles aux pieds babouchés des talibans.

Solder ainsi la valeur de nos armes et le courage de nos soldats, les misérables !

Le diable les emporte !

Amer, sous un soleil plus ardent, je suis parti canoter sur le Grand Canal avec mon fils et ma femme.

Et c'était bien.