On ouvre !

Pas exactement dans la joie et la bonne humeur, mais il faut bien commencer par quelque chose.

Le messie Flamby l'a dit, lui qui apportera la paix et la justice en notre bas monde, l'identité de la France, c'est la diversité. Or, c'est là qu'est l'os, hélas, je ne suis pas un divers. Je ne me sens d'ailleurs pas plus attiré que ça par la diversité. Je suis un homme enraciné, conscient de l'héritage de mes ancêtres et m'efforçant tant bien que mal de l'assumer. 

C'est bien triste, mais il me faut donc l'admettre : je ne suis pas français. Je ne ressens pas de loyauté ni d'attachement pour la France de Flamby, et pour tout dire je m'en tamponne l'oreille avec une babouche. J'en ai la carte d'identité, mais pour moi ce n'est qu'un bout de plastique bleu. Je n'ai pas envie de me battre pour défendre les idéaux de Flamby, ces sacro-saintes "valeurs de la République" au nom desquels on dépouille le peuple de sa souveraineté. Non au populisme, n'est-ce pas.

Dans le pays de Flamby, je suis un Français de papier. Triste, vraiment, pour moi dont les ancêtres reposent tous dans cette terre depuis des générations, de n'être que cela. C'est bien malheureux, pour moi qui n'ai pas pays de rechange, pas de "bled" dans lequel partir en vacance ni les moyens de me faire enterrer en Israël.

Il ne me reste donc qu'à faire une sécession intérieure, et à garder mon coeur fermé. Regarder d'un oeil indifférent tous ces gens dont je suis le compatriote de papier, qui ont renoncé à tout ce en vertu de quoi j'aurai pu me sentir lié à eux. Demain, ils choisiront Flamby, et déjà ils ont choisi le rêve métissé d'un éternel futur. Un rêve qui n'aurait pas été le mien, même s'il avait été réalisable, mais qui n'est pas réalisable et qui se terminera en un cauchemar sanglant. Tant pis. Ils l'ont voulu, c'est leur affaire.

Je ne suis plus des leurs.