Qui n'a entendu dans tel film ancien un personnage à la terrasse d'un café réclamer d'une voix gouailleuse une fine à l'eau, que le taulier s'empresse de lui servir sans s'étonner.
Combien parmi nous savent de quelle boisson il s'agit ?Bien peu, surtout parmi les plus jeunes. Et pourtant, c'est bien l'une des production les plus prestigieuse de notre pays qui est ainsi désignée, additionnée d'aqua simplex : J'ai nommé le cognac. Oui, oui, vous lisez bien , j'entends consacrer ce billet à un sujet aussi futile que le cognac !
Parmi les merveilles que notre sol et le travail de nos producteurs ont du engendrer, l'eau de vie de Charente est aujourd'hui bien oubliée des français. Nous avons tous une bouteille poussiéreuse au fond de notre bar que nous ne sortons guère que pour faire la cuisine, ou pour la proposer au cousin de passage qui s'empresse de refuser. Dix ans après son ouverture, elle encombre encore, à peine entamée.
La faute à quoi, à qui ?
Sans doute à l'attrait sans nuance de l'exotisme alcoolique : le whisky lui a taillé des croupières, à mon sens sans raison objective valable. Sans doute aussi à la rigidité traditionnelle des idées mal reçues qui veut que le cognac ne peut dignement s'apprécier qu'en digestif. Or, par les temps qui courent, se boire un Dijo après apéritifs, et vins, c'est le retour en taxi, si taxi il y a...donc, pas de dijo, et pas de cognac.
Le résultat, c'est que la reine des eaux de vie est bue à 97 % à l'étranger, et que les français en viennent à l'ignorer totalement.
Et pourtant, quelle merveille au palais, quels arômes, quel cordial !
Buvons du cognac, pur, avec des glaçons, de l'eau, du Perrier, du schweppes, du jus de letchis, du coca si cela vous chante, mais buvez-en morbleu !!! Régalez vous en à l'apéritif, à table, en digestif, avec le café, un cigare, faites en un grog les jours froids, mais de grâce, ne l'oubliez pas. Ce breuvage est le compagnon de l'homme ou de la femme de goût.
Laissez les soit-disant puristes qui vous dirons que c'est sacrilège de boire ainsi du cognac. Le seul vrai sacrilège , c'est de ne pas en boire.
Figurez-vous que cet alcool délaissé par les clients de son pays producteur à été adopté par les rappeurs de New-York, sous le vocable "yack". Des rappeurs New Yorkais....
Réagissons, que diable !!!
Alors, comme moi, à la première occasion, réclamez haut et fort : garçon, une fine à l'eau !
N.b.
La culture française est comme le cognac, admirée et appréciée à l'étranger, mais en voie d'extinction dans son pays d'origine.