mardi 24 décembre 2013

jeudi 28 novembre 2013

Le Sud





Afin de rompre avec la froidure et la grisaille qui submergent  peu à peu la métropole, je vous propose une série de billets consacrée à des sujets chauds et ensoleillés. 

Et d’abord, en guise d’introduction, voici une évocation d'une chanson populaire : le Sud, de Nino Ferrer. Je ne voudrais pas tout rapporter à la politique mais je suis persuadé depuis longtemps qu’il s’agit d’un texte  d'esprit bien réactionnaire.

J’entends les objections : Nino Ferrer était plutôt à gauche, il se disait lui-même influencé par mai 68, il défendait le Larzac au bon vieux temps, cette chanson célèbre une ambiance géographique,  quel rapport avec la  politique, et puis quel intérêt d’analyser sous cet angle un tube rassembleur, et puis, et puis, etc... 

Certes, certes. Explications.

Un texte échappe parfois à son auteur. C’est le cas de celui-là. 




«C’est un endroit qui ressemble à la Louisiane, à l’Italie, ...»

La Louisiane ne ressemble pas à l’Italie, sauf le soleil, et encore. 

Nino Ferrer a passé les premières années de sa vie en Nouvelle-Calédonie, où son père était ingénieur dans les mines de nickel. A-t-il écrit en pensant à ce territoire d’outre-mer ? peut-être, mais il est permis d’en douter. Le savait-il d’ailleurs lui-même ?

Il en résulte que «Le Sud» est un fantasme et non un endroit précis. Il s’agit d’un rêve de bonheur terrestre que l’on souhaite chaud, lumineux, familial, stable et à durée indéterminée. 

«Il y a des enfants qui se roulent sur la pelouse»

«Le temps dure  dure longtemps

Et la vie sûrement plus d’un million d’années

et toujours en été»

Mais voilà : une telle félicité est menacée, par ceux qui veulent que ce scandale cesse. A leurs yeux, il est indispensable de changer. C'est le progrès. C'est dommage, mais c'est ainsi. Le Sud a raté son coup. Le Sud a perdu d'avance. Il ne peut y avoir de rédemption. Il est condamné.

Mais il va se battre, morbleu,  c'est inutile, mais tant qu'à finir, autant le faire en beauté.


«Un jour ou l’autre, il faudra qu’il y ait la guerre, on le sait bien...

On n’aime pas ça, mais on ne sait pas quoi faire...

On dit c’est le destin, tant pis pour le Sud, c’était pourtant bien»

Finalement, le bonheur perdu, l'inéluctabilité du destin, tel que nous le réserve la Divine Providence : voilà le thème de cette chanson. Il ne sert à rien de s'agiter en s'imaginant améliorer ce qui ne peut l'être. L'Ordre bienfaisant n'a pas d'avenir.

On retrouve tous ces sujets abordés par le même auteur dans un autre texte " La maison près de la fontaine", abordé sous un angle plus "écolo", comme on dirait aujourd'hui, mais qui pourrait passer pour un retour à la terre qui rappelle les heures les plus noires de notre histoire. 

"L'automne, l'enfance, l'éternité…

On allait à la pêche aux écrevisses avec monsieur le curé

La maison a disparu, ça sent l'hydrogène sulfuré, la société, 

c'est pas si mal, c'est normal, c'est le progrès" 

Nino Ferrer s'est suicidé le 13 août 1998, à Montcuq dans le Lot.



N.B.

Une confidence : ma chanson préférée de Nino Ferrer n'est pas le Sud. C'est La Rua Madureira. Vous ne connaissez pas ? courez l'écouter.




mardi 5 novembre 2013

L'art français du rugby.






France 100, Nouvelle-Zélande 0.

Tel est mon pronostic pour le match de samedi soir.

Je sais bien qu’il s'est créé une inclinaison d’esprit dans le monde du rugby au terme de laquelle la victoire devrait de plein droit revenir à la Nouvelle-Zélande dans ses confrontations avec le XV de France. Et pourtant s’il est bien un sport qui correspond à l’art français de la vie, c’est celui-là. Rien ne m’en fera démordre. Je le démontre.

Je m’adresse à ceux ou celles qui sont les moins proches de l’ovalie : savez-vous ce qui caractérise ce sport? et bien ce n’est ni la forme du ballon, ni l’éponge magique, ni la hauteur des poteaux. Non. C’est la prohibition de la passe en-avant, et son corollaire, le hors jeu qui empêche au co-équipier du porteur de ballon de se situer devant lui. 


De cette règle d’apparence ésotérique découle que toute l’équipe se trouve derrière le porteur du ballon en attaque,  ou devant  en défense. A l’inverse de tous les autres sports de balle, où les joueurs s’étalent sur le terrain, le rugby présente ainsi les caractéristiques de la défense du pré-carré, et ressemble à sa façon à une guerre de tranchée. C’est Clochemerle sur gazon.

La mêlée évoque aussi les tranchées par son travail sous-terrain et l’abnégation qu’elle requiert jusqu’au sacrifice des oreilles, du front, les lèvres, des reins, des bras, des arcades sourcilières,etc...

Notre pays qui a payé cher le droit de son indépendance par de multiples guerres sur son propre territoire sait de quoi il retourne !

Les grandes offensives  des lignes arrières évoquent les charges napoléoniennes, les touches les combats dans les airs, fierté légitime des ailes françaises, les mauls les sombres pugilats médiévaux d'où sort une course vers l'en-but, aussi pure que la virginité de Jeanne d'Arc !...

Et puis, comme d’autres l’ont dit avec talent, chacun a sa place dans une équipe de rugby : les avants massifs, les demis petits , intelligents et astucieux, les trois-quarts agiles, rapides et adroits, l’arrière aux aguets. Et tout cela fait d’excellents joueurs de rugby français !

Et je n'évoque pas le style, ce french flair, cette inspiration subite, mélange d'opportunisme,  d'astuce, d’intelligence du jeu, et d'élégance  qui inspire la plus totale méfiance aux All-Blacks.

La victoire revient donc de manière irréfragable au coq gaulois.


Face à cela, la Nouvelle-Zélande fait pauvre figure. Certes, leurs ancêtres ont participé avec courage aux massacres européens du siècle dernier. Mais ce pays isolé et lointain n’a jamais été directement inquiété. Sa population est mélangée et importée,  peu habituée à considérer son sol comme sacré. Ils sont uniformément athlétiques et ignorent ce qu'est un cassoulet ou un pousse-rapière. De tels handicaps sont quasi-insurmontables. Il le savent et croient nécessaires pour tenter de vaincre de grimacer et trépigner ridiculement avant chaque rencontre. Mais cela ne trompe personne, le malaise est réel chez nos adversaires des antipodes. Les malheureux ont déjà compris le sort qui leur est réservé ce week-end.

J’ai interrogé cette nuit les mannes d’Antoine Blondin, Kléber Haedens, Roger Nimier, et Roger Couderc. Elles sont unanimes à confirmer mon présage : France 100, Nouvelle-Zélande 0.

Alors avec moi, pour conjurer une actualité déprimante,  et à l'approche du 11 novembre, veuillez hurler en chœur : allez les petits !


lundi 4 novembre 2013

A perdre la raison.




Un blog du Côté Obscur, à l'évocation de la mort des deux journalistes français au Mali, s'est cru obligé de l'assortir d'une insulte appuyée à l'encontre de Laurent Dandrieu, journaliste à Valeurs Actuelles. Ce dernier s'est en effet vu affublé du qualificatif peu flatteur d'"odieux".

Il faut indiquer aux lecteurs que Laurent Dandrieu dans un touit du 2 novembre à 16h26 (la précision  peut avoir son importance), écrivait : "Deux journalistes français enlevés...ce n'est pas la rançon du succès, mais le succès de la rançon..."

Un texte insupportable en effet.

Il n'est  pas interdit de se demander pourquoi. L'auteur des lignes en cause a-t-il manqué d'un quelconque respect à l'égard des deux victimes de ce drame ? pas du tout. A-t-il adopté un ton inapproprié dans ces circonstances? certes pas. S'est-il montré indifférent ? cynique ? pas davantage.

Qu'a fait Laurent Dandrieu ? il s'est contenté à l'heure où l'assassinat de nos deux compatriotes n'était probablement pas encore connu,  de porter le débat sur la politique de nos gouvernants dans de telles circonstances. Il faut être bien naïf pour ne pas avoir compris qu'elle consiste à payer pour la libération des otages, si possible à un moment approprié pour le pouvoir en place.

En une formule lapidaire le responsable des pages cinéma de Valeurs Actuelles met le débat à sa juste place : non sur l'émotion, mais sur celui du choix politique. Ce faisant, il incite à la réflexion quant au sort des otages actuels, des otages futurs et , il faut le craindre, quant à la probabilité de nouveaux assassinats. Les pleureuses se gardent bien de le faire.

Replaçons les choses à leurs justes places : les odieux, se sont les ravisseurs et les meurtriers. Les cyniques, ceux qui acceptent de payer. Les hypocrites ceux qui payent sans l'avouer. Les fous ceux qui prétendent réfléchir et ne font que se pâmer.  Les fous furieux le sous-ensemble du précédent qui s'en prend à ceux qui parviennent à réfléchir.

Il y a des blogs bien nommés. et des sages comme Laurent Dandrieu qui par leur finesse savent nous remettre les idées dans le droit chemin. Il n'y a pas plus aimable que Laurent Dandrieu, croyez-moi.