Il s’est produit mardi soir à Argenteuil (Val-d’Oise) un incident comme on les aime
tant, si représentatif de la merveilleuse époque de progrès et de diversité que
nous vivons. Par soucis de rigueur, je précise que je le tiens du site de France-Info
et après avoir entendu un "sujet" ce matin
au journal de sept heures de France-Inter, ces deux médias n'étant pas réputés
pour leurs opinions particulièrement nauséabondes.
Il devait être 19h00, le 11 juin, lorsque dans la zone
piétonne,"où les jeunes se retrouvent en début de soirée" ,et qui s’étend devant la basilique*, une femme intégralement voilée
contrairement aux termes de la loi du 11 octobre 2010, est sommée de justifier
son identité par les forces de l’ordre présentes. Elle s’exécute. C’est alors
que « les jeunes » « qui ne comprennent pas le sens de cette
intervention » forment un attroupement et que le « ton monte ».
La situation dégénère en un affrontement opposant les
policiers à une soixantaine d’habitants d’Argenteuil. Deux "jeunes" sont interpellés.
Les faits sont en eux-mêmes fort simples. Je vous en propose une relation à peine romancée.
Ce soir-là, la garde du cardinal Valls entend curieusement assurer le respect de la loi. Par une distraction impardonnable, elle entreprend de le faire à 19h00 et sur une portion du domaine
public que certains jeunes s'approprient légitimement et exclusivement les jours de beau temps à partir de 18h17 et jusque vers 01h43, pour y exercer en toute extra-territorialité des activités qu'on imagine paisibles. Première erreur. Elle va même jusqu'à contrôler une personne en infraction. Deuxième erreur. Les jeunes débonnaires présents, assistant à une telle bavure policière, ne pouvaient rester dans une passivité si contraire à leur naturel sensible. Ils le firent respectueusement remarquer aux gardes en cause. Respectueusement, certes, mais en montant tout de même un peu le ton. Le ton a dû sans doute monter à un niveau à ce point intolérable, même pour les
tympans peu sensibles des sbires du ministre, qu'ils ont fait usage, avec une brutalité sans nom, de
bombes lacrymogènes et de flashballs pour tenter d’en abaisser l’intensité. Ainsi, ce
contrôle inopportun et qui aurait pu avoir des conséquences tragiques, stygmatisantes et fortement discriminatoires (une amende de 150
€ avec suppression du permis de porter le voile intégral) se transforme en
bataille de rue du fait de la ridicule obstination des policiers à accomplir leur prétendue mission. Troisième erreur. Décidément, les gardes du cardinal Valls n’en loupent pas
une.
Par dessus le marché, on note qu'ils font usage de procédés de rétorsion que l’on croyait à bon
droit réservés aux opposants au mariage pour tous, c'est à dire les femmes, les enfants, les vieillards et les skinheads. Enfin, pour couronner le tout, les gardes ne réussissent à arrêter piteusement que deux « jeunes » sur les soixante témoins malheureux de cette exaction policière, preuve supplémentaire, s'il en est besoin, de leur inconséquence. Quant à la dame voilée, dans la confusion, on ne sait ce qu’elle est devenue.
Cet incroyable abus des forces de l’ordre, aggravé d'une
maladresse crasse, n’a pas échappé à
la sagacité du maire d’Argenteuil (PS). N’écoutant que son courage, l’édile
local a déclaré d’une voix ferme: « j’ai
saisi le préfet parce que la réaction des policiers n’était pas totalement
proportionnée… ».
Puis, sans doute animé d’un subit accès mystique, d’ajouter, les yeux au ciel et les mains jointes:
« …surtout devant la basilique* ».
On aurait aimé qu’un homme de cette trempe nous éclaire de
son avis:
- sur l’attitude que les argenteuillais doivent observer en cas de
contrôle d’identité, en particulier à l'occasion d'une infraction manifeste,
-sur la manière de s'adresser aux force de l'ordre sans "monter le ton",
-sur la manière totalement proportionnée de réagir face à
soixante « jeunes qui ne comprennent pas les lois »,
-sur le
port du voile intégral sur la voie publique « surtout devant la basilique *».
Et on attend avec impatience que le cardinal Valls prenne à l’encontre
de ses gardes les sanctions que leur impéritie requiert évidemment.
(*) Basilique : n.f.
Nom qu’on donne à une église principale.( Littré)
Eglise : n .f.
Edifice cultuel des diverses confessions chrétiennes ( Larousse)
Désormais, je donnerai
la définition des mots difficiles pour aider les lecteurs jeunes qui ne
comprennent pas les lois, ni, vraisemblablement,
le français.