mardi 30 octobre 2012

Un regard en arrière

"On oublie toujours, ou bien l'on ne veut pas se souvenir, de la hauteur chevaleresque où vivaient ces humains qu'une expansion profonde poussait vers la magnificence. Parce que nous cultivons maintenant les sentiments économes, que nous épargnons les lyrismes, nous diminuons les êtres du passé. Moins d'analyse chez eux que chez nous mais un jaillissement vital qui doit toujours être reconnu si nous voulons les ressusciter. Et qu'on n'imagine pas, ici, un engouement tendancieux : les actes sont là et qui s'imposent. Le don de soi, la bravoure ; l'excès dans le plaisir, dans le bien, dans le mal, ne peut se comprendre sans supposer chez ceux qu'il bouleversait incessamment une ébullition de l'âme et des sens. L'amour à briser les fonçailles du lit, bien sûr, mais aussi à perdre la cervelle. Le duc d'Enghien se trouvait mal de tendresse. M. de Guise qui avait déniaisé Mlle Paulet, la Lionne, en resta plusieurs jours comme égaré..."

La Varende, Les belles esclaves, 1949.

3 commentaires:

  1. Je me demande tout de même, s'il n'avait pas tendance à enjoliver un peu, parfois, La Varende.
    Ce qui n'enlève rien à la hauteur de vue ni à la
    noblesse des sentiments, bien sûr.
    Amitiés.

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    1. Enjoliver ? J'en ai bien peur, hélas. Ce n'est pas souvent qu'on rencontre dans la vraie vie des personnages aussi nobles que ceux qui se meuvent sous sa plume. Mais l'observation qu'il fait ici, dont on peu discuter le lyrisme, me semble tout de même assez juste, dans l'ensemble. Lire La Varende reste en tout cas un bon moyen de se nettoyer le cerveau pour en faire partir les traces de marxisme.

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  2. Pourquoi cette démesure et ces excès me font-ils penser à DSK ?
    Je suis désolée de cette idée saugrenue, mais j'avoue que je l'ai eue.

    Heureusement, la hauteur de vue et la noblesse de sentiments viennent corriger tout cela. Aucun doute possible, DSK n'est pas concerné.

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