mardi 13 novembre 2012

Le P-tomane

Que l'on se rassure, ce billet n'aura rien d'incorrect en dépit de son titre.

Il s'agit d'un sujet microscopique et qui n'aura attiré l'attention de personne. Il est pourtant l'extraordinaire révélateur de la dérive de nos élites communiquantes et dirigeantes. Il dit tout en une lettre,  pas une phrase ou un mot notez bien, mais une seule et simple lettre : un "p" en trop.

C'est l'histoire d'un lapsus.

Il parait sur le site du journal Libération une série d'articles palpitante consacrée à dresser le portrait des 217 "primodéputés". Elle ne présente guère qu'un vague intérêt sociologique. Le parlementaire du jour (13/11/2012) n'en présente aucun en particulier. Il s'agit d'un élu PS de la Côte d'or, plus jeune membre de la commission des finances.

L'auteur du "papier"y souligne d'une plume vibrante que le jeune député est "...fils d'ouvrier, ( et dont )  le grand-père vécut les grandes heures de Lipp...".

Oui, vous avez bien lu : Lipp avec deux "p".

Or donc, le plumitif de service confond allègrement la brasserie parisienne Lipp, antre de la bourgeoisie gaucho-littéraire, et la manufacture d'horlogerie française Lip disparue dans les années 70. Par cette erreur , il met à jour une triple fracture:

- en faisant étalage de son ignorance de l'histoire, il entérine l'homme sans racine qui n'est même plus capable d'aligner quelques dizaine de lignes sans laisser passer une erreur de fond pour le moins gênante.

-en faisant spontanément étalage d'un parisiano-centrisme frisant le ridicule. Car ce n'est pas un hasard si cette coquille apporte à Paris ce qui devrait se situer en Franche-Comté.

-en coupant les gauchos-intellectuels ( journalistes, gens de lettre, hommes politiques,...) du monde ouvrier et du peuple dont il se prévaut pourtant, ou dont il se prévalait encore récemment. On sait bien que l'évolution récente de la gauche en général et du PS en particulier l'en éloigne chaque jour un peu plus ( ex : les élucubrations de Terra Nova récemment).

Il en est plus révélé par ce lapsus, qu'il soit volontaire ou pas, que par des recueils entiers de sciences politiques.

Tout cela pour une seule lettre en trop !

Devant ce chef-d'oeuvre de synthèse inconsciente, moi le spécialiste des bourdes, coquilles et fautes d'orthographe, je m'incline humblement devant le P-tomane.

Alors, pardon mesdames, mais je ne peux retenir non pas un bras, mais pet d'honneur.

2 commentaires:

  1. Bravo, jolie trouvaille fort bien analysée.
    Un"P" extraordinairement révélateur, en effet.
    Amitiés.

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