Laissons notre nouveau président
de la République jouer sa comédie estivale, et intéressons-nous un peu au cinéma.
Il a été beaucoup écrit sur
le film de Christopher Nolan « Dunkerque », et par des gens forts
compétents. Mon propos n’est donc pas de faire une critique cinématographique
de plus, mais plutôt d’en examiner certaines , d’identifier "de quoi elles sont le nom".
À cet égard, il est fait des
reproches formels au réalisateur : manque de dialogues, personnages peu
esquissés, peu attachants, accent mis
sur l’action, la violence, manque de hauteur de vue, cynisme, absence d’émotion.
Pourtant ce serait bien à tort
que le spectateur s’en tiendrait à la
perception d’un film d’action, froid, brutal, et au ras des pâquerettes.
Certes, Dunkerque est en apparence construit volontairement à la manière d’un implacable thriller comme une multitude de films "pop-corn" actuels. Mais sa structure rigoureuse à l’extrême d'un point de vue formel (manière d'organiser le temps ; les éléments terre, air, mer et même feu ; bande-son très travaillée) en fait un exemple d'école de cinéma. L'essentiel est que tout cela n’est qu’un moyen pour déboucher sur une émotion patriotique britannique sobre, sincère et émouvante. Pour citer le réalisateur : "Dunkerque est un appel à l’héroïsme collectif". On ne peut mieux dire.
Certes, Dunkerque est en apparence construit volontairement à la manière d’un implacable thriller comme une multitude de films "pop-corn" actuels. Mais sa structure rigoureuse à l’extrême d'un point de vue formel (manière d'organiser le temps ; les éléments terre, air, mer et même feu ; bande-son très travaillée) en fait un exemple d'école de cinéma. L'essentiel est que tout cela n’est qu’un moyen pour déboucher sur une émotion patriotique britannique sobre, sincère et émouvante. Pour citer le réalisateur : "Dunkerque est un appel à l’héroïsme collectif". On ne peut mieux dire.
Un exemple : au moment où l’officier
de marine anglais en charge de l’évacuation se désespère de trouver les moyens de
faire embarquer des troupes vouées à la mort ou à la captivité, il voit dans
ses jumelles se dessiner une immense flottille
de petits navires civils venus à la rescousse. On l’interroge, mais de quoi s’agit-il ?
« Home, la patrie », répond-t-il, les yeux rougis par le soulagement et l'admiration.
Un autre exemple : la scène
finale de l’élégant Spitfire qui, à
cours de carburant, plane sur la plage
de Dunkerque et s’y pose majestueusement. Le pilote y met le feu pour éviter qu’il
ne tombe aux mains de l’ennemi. Il faut
peu d’imagination pour y discerner une poignante
vision d’une Europe libre en flamme mais qui persiste dans son refus de
sombrer.
Il y a donc du contre-sens dans
ces reproches formels et sans doute reposent-ils sur une
incapacité à voir au-delà de ce qu’il y a à voir. Il est à craindre que cela
soit le cas d’une grande partie du public, et c’est assurément le cas d’une partie
de la critique (or, au passage, n’est-ce pas précisément ce que l’on attendrait de
cette dernière ?).
La question se trouve donc posée
de déterminer les raisons de cette incapacité.
Pour commencer à répondre, on
peut parier sur l’insensibilité et l’inculture littéraires qui sont savamment
entretenus dans notre pays depuis longtemps. Mais nous ne parlerons pas d’avantage
de ces deux points qui exigeraient des développements longs et hors de notre
sujet.
Une raison plus directe et plus immédiate réside
en ce que l’on nous serine en France que l’amour de son
pays est une attitude quasi-fasciste. Un français d’aujourd’hui ne peut donc
avoir que la plus grande difficulté à comprendre un film où au nom du patriotisme,
des civils britanniques, au péril de leur vie, viennent sauver ce qui reste de
leur armée menacée instamment de destruction par…une armée fasciste !...
Il est par conséquent illusoire d’attendre
du public et de la critique de notre pays qu’ils puissent résoudre une telle
contradiction, et qu’ils vibrent aux accents britanniques de ce film alors qu’ils ne sont pas eux-mêmes susceptibles de ressentir le moindre élan français. Au mieux
y verront-t-ils un bon suspense, mais plus vraisemblablement un
blockbuster de super-héros, de type « Captain Albion contre les méchants nazis".
C’est triste, mais c’est ainsi. Et
ce n’est pas tout. Car il y a également des reproches de fond qui sont faits au
film de Christopher Nolan, que nous évaluerons dans le prochain épisode cette
publication.
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