lundi 13 août 2012

Le dernier des Français

Ces temps derniers, j'ai mis a profit quelques moments de temps libre pour aller visiter, plein de respect, d'émotion et de révérencielle crainte, quelques lieux chargés d'Histoire. Je m'y suis rendu en pèlerin, avec le souci d'être, autant que possible, digne des lieux, en faisant des efforts d'élégance. J'en garde le souvenir de marées de touristes. Des blancs, et quelques jaunes bien sûr, puisqu'on ne voit jamais de noirs ni de gris dans les sites patrimoniaux. En même temps, ils s'en tapent : ils savent très bien, eux, que ce n'est pas leur patrimoine.

Mais franchement, j'aurais autant aimé que les Français soient restés chez eux aussi. Des fins de race en shorts et t-shirts, parlant haut dans les églises et se conduisant dans les châteaux de nos rois comme à Disneyland. Pas trace du moindre respect, de la moindre émotion, de la moindre gratitude chez ces primates endimanchés, alors qu'ils foulaient des lieux marqués par le souvenir des hommes qui ont fait la France. En fait, les seuls à se comporter un tant soit peu dignement étaient, sans surprise, les jaunes.

Tout bien considéré, je ne suis pas sûr qu'il soit bon d'ouvrir les portes des monuments historique à cette plèbe inculte. On me dira que leur pognon permet d'entretenir. C'est bien le seul intérêt que je vois à la chose. Les cathédrales ont été bâties pour y prier Dieu, les palais l'ont été par des gens de qualité, pour y recevoir d'autres gens de qualité. Les manants n'ont rien à y faire. Et bien sûr, je me mets dans le sac. Le plaisir que je peux prendre à visiter de tels sites n'est rien auprès du sacrilège que constitue leur invasion par des hordes de crétins. J'en ai ressenti douloureusement l'évidence, à la basilique de Saint-Denis, lieu le plus sacré de l'ancienne France, en y voyant un dégénéré gras et flasque s'avachir sur le priant de Louis XVI, le roi martyr, comme sur un accoudoir.

Tous ces machins sont vraiment les touristes de leur propre culture. Ils y sont étrangers, autant qu'ils le sont à la culture asiatique. Ils visitent les hauts lieux de notre Histoire comme ils visiteraient la chaumière au toit écroulé du grand Zimbabwe. Moi seul me rend dans ces sites porteur d'un hommage, par fidélité, par volonté d'enracinement et de continuité, par culte des ancêtres.

Je suis le dernier des Français.

Dans La Guerre de Troie n'aura pas lieu, Jean Giraudoux écrit : "Quand l’homme adulte touche à ses quarante ans, on lui substitue un vieillard. Lui disparaît. Il n’y a que des rapports d’apparence entre les deux. Rien de l’un ne continue en l’autre." Apparemment, ça marche aussi pour les peuples, d'une certaine manière, et c'est ce qui est arrivé aux Français. A un moment donné de leur Histoire, on leur a substitué des connards, et rien de ce qu'ils étaient auparavant ne se perpétue en eux.

Au fond, ce n'est pas moi qui ai fait sécession. Je suis simplement resté un Français, conscient de son héritage et soucieux de l'assumer, tandis que tous les autres devenaient des déracinés apatrides. Je suis le dernier de mon peuple, et comme à Ossian, revenu des îles enchantées des siècles après la mort des Fianna, il ne me resta qu'à chanter, pour le temps qu'il me reste à vivre, la geste de ma race défunte, dans l'espoir absurde de retarder un peu le travail des brumes de l'oubli, qui recouvriront tout.

Même parmi les réacs, je suis le dernier des Français. Nouratin s'est fait napolitain, la moitié des lecteurs du Pélicastre veulent se réfugier dans un bunker des Rocheuses, et Pakounta, étant un orang-outang, ne saurait être Français. Quant à Robert Marchenoir, chacun sait qu'il rêve d'être un spéculateur apatride à la solde du Grand Capital, mais qu'il n'est pas prêt de gagner bézef avec sa retraite de fonctionnaire.

Je me sens seul, parfois. Etre le dernier des siens, ça doit rendre dingue à force. Regardez comment a fini André, le dernier des Norvégiens.

Etre le dernier de son peuple, ça rend cinglé.

Ah, il y a des jours où on a du mal à rire, même jaune. Et merde pour qui me lira. Que sainte Jeanne d'Arc vous patafiole, bande de pestilentiels renégats.

7 commentaires:

  1. Olala !
    Vous êtes en colère et je le comprends.
    Les hordes de vacanciers qui se transforment en visiteurs pressés et bruyants ne me disent rien qui vaille non plus.
    Heureusement qu'il est interdit de pique-niquer dans les châteaux et églises…
    Je note que vous vous habillez bien, quand vous rendez hommage à nos grands anciens.
    Rassurez-vous, nous sommes quelques-uns à être le dernier des Français. Du moins je l'espère.

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  2. Oui, je suis un connard, un renégat, tout ce que vous voudrez... mais c'est pas ma faute, c'est le mrap qui m'a obligé (et qui paye bien) !

    Et pis vous faites bien de nous dire merde à la fin, passque qu'est-ce que vous voulez qu'on vous dise après un texte pareil ? que je raconte pour une énième fois ma visite au gâteau de Montaigne, guidé par une négrillone inculte ?? et pis merde, moi aussi j'en ai marre, allez tous vous faire enculer !!

    Et ne supprimez pas ce texte. Enculé.

    PS : Najat est une femme-fontaine qui inonde sa culotte les soirs de pleine lune (+2000 lecteurs)

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    1. "PS : Najat est une femme-fontaine qui inonde sa culotte les soirs de pleine lune (+2000 lecteurs)"

      On peut avoir son numéro de téléphone ?

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    2. NON ! MERDE !

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  3. Bonjour
    Vous êtes en colère, je l'ai été, je ne le suis plus, par objectivité, hélas. Quand un peuple perd, je vais même dire, se contrefout de deux notions (entre autres) que sont : un minimum de culture et de respect, il n'y aura plus rien à en tirer. C'est comme cela qu'a commencé le processus de décadence et, à mon sens, c'est irréversible. J'ai pris conscience de ce phénomène il y a presque cinquante ans, quand j'ai visité, plutôt quand je me suis recueilli à la pointe du Hoc, par respect pour les "gars de vingt ans" dont la vie avait été fauchée en ce lieu. Et bien, juste sous l'écriteau demandant une tenue décente aux visiteurs par égard à cette terre qui contenait encore des restes de combattants des deux bords, une bande de "connards" était en train de plaisanter et s'esclaffer "comme des bossus", et là, c'était de bons "frsanchouillards" pure souche.
    Amicalement. Gilles

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  4. Si je puis me permettre de vous suggérer un petit antidote : laissez de côté, pour un moment, les monuments de pierre (vous pourrez retourner à la basilique en février, vous ne rencontrerez, peut-être, qu'un groupe de scolaires trop frigorifiés pour représenter une véritable gêne) et consacrez votre temps à l'autre grande oeuvre du peuple français, c'est à dire la terre et les paysages. Même dans les régions les plus horriblement remembrées subsiste encore pour qui sait voir la trace matérielle de siècles d'effort paysan : le bosquet, le sentier, la haie de pierre ou de ronces ne sont là que parce qu'elles ont été voulues et entretenues par les nôtres, sur des générations. Et là vous ne risquerez pas de vous faire emmerder par un touriste en tongs. Evidemment, la modernité malfaisante resurgit çà et là, on peut croiser un jogger, on retrouve le murmure océanique des voies rapide, on discerne le profil d'une horrible ZAC ; mais avec tout le mal que nous pouvons penser de ce qu'il est devenu, notre pays est géographiquement vaste et permet toujours le retrait -la "sécession intérieure".

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    1. Vous êtes un sage, Ali Devine !
      Nos paysages reflètent les efforts de nos ancêtres et ils nous sont précieux.
      Pour combien de temps, on ne sait pas, la Cécile voulant transporter la ville à la campagne et ses cpf avec.
      Elle a dû lire Alphonse Allais et en fait une interprétation hostile.
      Merci de votre commentaire, on dirait que le boss est occupé.
      Pardonnez-lui !

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